Dictionnaire du Secret: le Big data
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Le Big data est la langue d’Esope de l’ère numérique :
La meilleure des choses : le lien de la vie civile, la clef des sciences, avec elle on instruit, on persuade, on règne sur les réseaux... ;
la pire des choses, mère de tous les débats, nourrice des procès, source des guerres, de la calomnie et du mensonge.
Eternels et passionnants débats qui cachent le secret du Big Data :
Le Big Data, en permettant de traiter de façon algorithmique les êtres, les réduits à des marchandises.
Logique de néantisation de l’individu transformé en chose que des algorithmes pourraient/peuvent appréhender, réduire à des chiffres, des variables, des graphes.
Entre autres le professeur Alain Supiot dans son cours 2012-2013 au Collège de France « Du gouvernement par les lois à la gouvernance par les nombres » aborde ces questions.
Elles demeurent pourtant évoquées comme des « obiter dictum », des choses dites en passant, sans grande importance, sans guère d’échos, en tous cas sans grande réalité.
L’âge servile n’a jamais totalement cessé Athènes même comptait dix esclaves pour un citoyen (Platon se contentait de cinq esclaves).
Nous avons voulu croire que la raison et les progrès techniques nous avaient libérés des chaines de la servilité, du moins pour les occidentaux privilégiés.
Il ne nous restait qu’à nous libérer de la servitude pour dettes ; ce qui de bulles spéculatives en déraison de la monnaie semblait difficile.
Et voilà que le Big Data est la forge d’autres chaînes d’autant plus avilissantes qu’elles sont à la fois immatérielles, inconscientes et confortables.
Notre robe est l’un des remparts, ou des obstacles, c’est selon, à cette logique délétère, un avocat prête serment d'exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité.
En attendant ce jour funeste où dignité, conscience, indépendance, probité et humanité seront des variables du Big data réductibles à des algorithmes je relis René Char :
« La dignité d'un homme seul, ça ne s'aperçoit pas. La dignité de mille hommes, ça prend une allure de combat. ».
(Le soleil des eaux in Trois coups sous les arbres).
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